dimanche 22 janvier 2012

Engagez-vous qui disaient!

Après avoir longuement hésité l'an dernier, j'ai fini par accepter de ne pas faire de maitrise tout de suite et de me lancer dans la marre enseignante pour l'automne 2011.

Vous savez dans les films américains quand il y a la scène où le personnage principal obtient son diplôme de collège, gros plan sur son visage béat, chapeau volant au ralenti, musique orchestrale gluante, anticipation dans l'oeil. J'en étais là au mois de mai 2011. Vraiment. Trame sonore triomphante, oeil brillant, dégradation de la gravité, béatitude. Ça y était! J'allais enseigner au secondaire pour vrai. Sans le filet d'excuses de la position stagiaire. Juste moi et mes élèves (les professionnels, la direction, les parents, la commission scolaire et le MELS). J'étais même prête à enseigner dans des écoles inconnues auprès de clientèles (je cherche un meilleur mot, mais n'en trouve pas. Je suis profondément désolée.) d'élèves qui ne me mettaient pas à l'aise de prime abord.

La scène où tout se passe en accéléré jusqu'à l'obtention de la job de rêve ne s'est pas passée comme je l'avais envisagée.

Mon bac en main, mon dossier à la commission scolaire tout bien complété, formulaires avec des codes lettrés et chiffrés, étampes, attestations, certifications, brevet, signatures, photos, antécédents judiciaires, questions sur ma situation matrimoniale (!), tout. Un dossier à jour avec mon nom et un numéro de matricule.

Appel à la commission scolaire:
- Bonjour, je suis un peu confuse quant au fonctionnement de l'affectation pour la rentrée. Si j'ai bien compris, j'aurai accès aux contrats qui resteront après que les gens de la liste prioritaire aient choisi.
-C'est bien ça.
- Et parmi les gens du bassin dans lequel je me trouve, c'est quoi mon rang? Question que je sois capable de me faire un plan de probabilités.
- Il n'y a pas de rang au bassin Madame.
- Euh... Ok. Comment vous faites alors pour attribuer les contrats?
- Un programme informatique génère une liste de noms de candidats de façon aléatoire et ces personnes ont le contrat qu'elles ont choisi. Pour être juste, une nouvelle liste est générée à chaque affectation.
- Oui... Pour être juste. Je comprends. Évidemment. Mais il n'y a pas de hiérarchie?
- Non. Seulement sur la liste de priorité.
- Donc, si je n'arrive pas à me placer sur la liste de priorité cette année, je serai exactement dans la même situation que les diplômés de 2012 pour la rentrée 2012 même si je fais de la suppléance chez vous depuis 2008?
- En effet.
- Bref, si votre ordinateur ne pige pas mon nom, il est possible que je reste dans mon bassin éternellement?

Ça me rappelle cette scène de Toy Story.

...

Aout: Assise sur le bout de ma chaise, j'attends de voir ce qu'on me proposera comme tâche. J'imagine déjà comment je me présenterai aux élèves et quelle teinte de rouge à lèvres je porterai. Rien. Rendue à mon bassin, il ne reste rien. Pas de pige. Pas d'élèves. Pas de rouge à lèvres. C'est pas plus grave.

...

J'attends. Je passe mes journées dans mon bureau. Je nidifie. Ils arriveront un jour mes élèves et je serai prête alors. Si au moins je savais à quel niveau je vais enseigner, je pourrais tout de suite monter du matériel. Je fais le tri dans mes livres d'université. Je relis des notes de cours et des bouts de recueils de textes.

...

On classe ça comment le matériel d'enseignement? Par année? Par cycle? Par sujet? Plusieurs tentatives. J'en viens à un système de cartables thématiques divisés en différentes sections avec tous mes originaux identifiés au marqueur et placés dans des plastiques protecteurs. Je suis à deux doigts de devenir Martha Stewart.

...

Septembre, octobre, novembre, décembre: Les journées se déclinent en 3 possibilités professionnelles:
1: Suppléance à la journée ou « Bonjour, tais-toi, fais ton travail»
2: Stewartisme de l'attente
3: Anticipation, espoir, affectation, désillusion

Je pensais que ma première année d'enseignement serait constituée d'angoisses sur mes performances et de pleurs devant l'immensité de la tâche à accomplir pas sur la difficulté de l'attendre, impuissante. Besoin criant d'enseignants au secondaire! Engagez-vous qui disaient!

...

Janvier: Dernier affichage de remplacements suffisamment longs pour accéder à la liste de priorité l'an prochain. Rien en français, mais pour la première fois, j'ai accès aux autres champs. Que des offres en adaptation scolaire et au primaire.
Comme dans la vidéo. Quand The Claw finit par te choisir, c'est un petit gars pas gentil avec un t-shirt de tête de mort qui t'accueille.

13 commentaires:

Le professeur masqué a dit…

Tu es de quel coin?

Capitaine Hurlevent a dit…

Montréal! C'est grand pourtant... Je vous avais posé la question anonymement (J'avais oublié comment m'enregistrer dans mon blog!) pour savoir quelle commission scolaire avait le plus d'offres d'emploi au mois de juin 2011. Vous m'aviez d'ailleurs gentiment répondu en sondage général.

J'ai décidé de tenter ma chance à la CSDM pour éviter de prendre mon char trop souvent (une crise de rage au volant est si vite arrivée), mais je le regrette maintenant. Si je n'obtiens rien demain, je déménage mes formulaires ailleurs.

Le professeur masqué a dit…

Une adresse où vous joindre rapidement?

Capitaine Hurlevent a dit…

PM: Je ne suis pas certaine de comprendre votre question. Si vous m'écrivez une note ici, je la lirai rapidement (à moins qu'il n'y ait un long délai avant l'affichage des commentaires). J'ai beaucoup de temps libre donc j'ai l'intention de fréquenter mon blog plus assidument.

Capitaine Hurlevent a dit…

Vous m'offrez de passer par-dessus tous les bassins pour accéder directement à la priorité et vous ne voulez pas que ça se sache? J'accepte. Je vous donnerais bien mon adresse courriel, mais je ne veux pas qu'elle se sache dans un lieu si public!

Anonyme a dit…

Je me rappelle de ce sondage... Et je continue d'affirmer que l'Outaouais IS THE PLACE, comme ils disent ici!

Pour te donner une idée, au début de l'année, il restait non seulement des contrats à donner après la séance d'affectation, mais aussi des postes...

En ce moment, donc, les listes sont vides. Si je tombe malade, aucun "vrai" enseignant ne peut me remplacer, ce sera un étudiant en "on sait pas trop quoi" qui viendra prendre ma classe, ou une maman... qui sait!

Le professeur masqué a dit…

Écris-moi sur mon blogue avec une adresse. Je modère mes commentaires.

Capitaine Hurlevent a dit…

Le fait qu'il y ait beaucoup de jobs en Outaouais s'explique-t-il par une migration professionnelle en Ontario?
Genre je dors à Gatineau, mais je travaille à Ottawa?

Anonyme a dit…

Non, parce que même si c'est plus payant en Ontario, y enseigner est un peu complexe. Il faut faire partie de l'ordre, c'est-à-dire, payer pour faire examiner ton dossier sans être certaine d'être acceptée (je crois que c'est 300$). Une fois acceptée, tu n'es pas certaine d'avoir un emploi et leur territoire est très vaste... Perso, je n'irais pas. Ils ont peu ou pas de pédagogiques en plus...


Il y a beaucoup d'emploi ici parce que la région est en pleine expansion. Ils construisent des écoles non stop dans le coin... Une il y a deux ans, une nouvelle qui ouvre en septembre et une autre pour dans 2 ans est prévue... Et c'est uniquement pour le primaire.

L'engagé a dit…

Votre blogue est vraiment bon et quel rythme dans l'écriture!

Capitaine Hurlevent a dit…

@L'enragé. Merci beaucoup pour le compliment. J'apprécie.

Capitaine Hurlevent a dit…

Oh! Je viens de remarquer ma coquille. L'enGagé. Pardon!

L'engagé a dit…

; )