dimanche 26 août 2012

R+ENTRER+COMPLÉMENT DE LIEU

Le verbe RENTRER se construit habituellement avec un complément indiquant le lieu. Or, pour rentrer cette année, il faudrait d'abord que je sache où le faire. Bien que Bob dise qu'il s'agisse d'un verbe intransitif, c'est tout de même un verbe exigeant un ancrage géographique clair. J'ai pas la force de demander un second avis, mais à mon sens, le complément spatial est bel et bien essentiel quand il faut rentrer.

J'évacue les considérations temporelles du préfixe RE-, supposant une répétition de l'acte, ça deviendrait vite intolérable. Cela supposerait-il que je répèterais le geste d'entrer au même endroit ou celui d'entrer à nouveau tout simplement, et ce, peu importe l'endroit?
 
En somme, je suis précaire et ma rentrée 2012 ressemble tristement à celle de 2011 et se voit circonscrite à un ensemble confus de lettres adressées à mon nom, de codes supposés me représenter et de tentatives très peu fructueuses d'obtention de contrat en cliquant sur des boutons «choisir» virtuels sans obtenir de résultats réels.

Demain, je déplacerai ma chair avec des preuves de compétence non virtuelles. Peut-être pourrais-je alors rentrer ailleurs que dans un mur bureaucratique.

mercredi 4 avril 2012

Ver d'oreille printannier

C'est drôle, j'ai cette chanson de Schubert dans la tête depuis un mois: Der Hirt auf dem felsen. Vous savez, ce lied absolument merveilleux dans lequel un berger raconte combien il espère que, quand le printemps arrivera finalement, il pourra entendre autre chose que l'écho de sa propre voix... J'dis ça de même.

Juché sur le plus haut rocher,
Les yeux plongés dans la vallée,
Je chante,

Et l'écho monte

Des profondeurs,
S'élève des sombres ravines.

Plus ma voix porte

Plus elle me revient, claire,
D'en-bas.


Ma bien-aimée demeure si loin!

Avec toute mon ardeur
Je l'appelle d'ici.

Mais un noir chagrin me consume,

Ma joie s'en est allée,
Tout espoir m'a quitté en ce monde
A tel point je suis seul.

Ce chant résonnait avec tant de nostalgie

Dans la forêt nocturne,
Qu'il élevait les coeurs vers le ciel,
D'un pouvoir merveilleux.

Bientôt ce sera le printemps.

Le printemps, mon espoir.

Il me faut maintenant
M'apprêter à partir.  


La version de Beverly Sills (le soprano colorature qui chantait avec les Muppets!)

lundi 19 mars 2012

C'est pas une brique pis un fanal

Je ne m'attendais pas à être reçue avec une banderole et un collier de fleurs, mais il y a toujours ben une limite à la façon dont on accueille une nouvelle enseignante.

Jeudi: Conversation téléphonique avec la directrice et l'adjoint. On m'offre un contrat.

- Donc, c'est un un nouveau groupe d'accueil que nous ouvrons parce que les autres groupes sont saturés. Tu vas voir, c'est un beau groupe. 15 élèves motivés et reclassés pour mieux correspondre à leur niveau... Ne t'inquiètes pas, les autres enseignantes t'attendent et t'aideront... Ah oui. Tu aurais aussi de l'art plastique... Peux-tu rentrer avec les élèves lundi?


J'ai insisté pour ne pas avoir d'élèves lundi, question de rencontrer les autres profs et d'avoir une idée de ce que je ferai de mes élèves mardi et le reste de l'année.


Lundi matin:

La directrice me salue vaguement dans le couloir. L'adjointe m'indique que mon local est celui en face de l'autre à côté de l'autre. On est contentes de t'avoir. Bonne chance!

...

Je ne trouve pas le local.
Je finis par le trouver.

Ce que j'ai:
- 50 bureaux empilés les uns sur les autres
- 3 chaises
- une bibliothèque occupée par des piles de cahiers et de feuilles entamés,  dispersés au hasard de la gravité
 - un bureau de prof dans lequel se trouve un genre de bracelet pour immobiliser le poignet dans les cas de blessure
- Beaucoup de poussière

Ce que je n'ai pas:
- assez de chaises pour mes élèves
- des dictionnaires et des grammaires
- des manuels et des cahiers pour mes élèves
- du matériel de bureau
- des sacs de vidange pour libérer la bibliothèque

Je passe la journée à courir après une personne et une autre pour essayer de comprendre comment je pourrai possiblement accueillir mes élèves mardi matin.

Je dois attendre 15h pour avoir une liste d'élèves et un horaire. La moitié des élèves qui joignent mon groupe ne sont toujours pas au courant qu'ils sont reclassés à cette heure-là. Je le sais, dans le couloir pendant son cours, leur prof m'a demandé si je voulais me présenter à ses élèves et annoncer ceux qui seraient avec moi le lendemain, chose que j'ai évidemment refusé de faire en lui soulignant que ses élèves aimeraient sans doute qu'il le leur dise lui-même en prenant le temps de le faire comme il faut (Les élèves de ta collègue ont fait une pétition pour pas être séparés les uns des autres la semaine dernière tant ils sont attachés à leur groupe et que la perspective d'être séparés les insécurise. Toi, tu ne le leur dis pas avant la toute fin de la journée et tu penses t'en sauver en demandant à la nouvelle, qui devra de toute façon ramasser toutes les crises demain matin, de le leur annoncer...)

Bref, j'ai été accueillie.

vendredi 17 février 2012

Lundi, je serai accueillante

Bonanza!


100% de tâche
15 allophones captifs

ouahahhahhahah!



Par où je commence astheure?


samedi 11 février 2012

Feuilletage du jour: Dictionnaire Général de la langue française au Canada

J'avais jamais pensé à l'élagage des bibliothèques. J'avais jamais pensé à l'élagage tout court avant que la bibliothécaire de l'école où je travaillais m'annonce que les 6 rangées de livres empilées au-dessus de mon bureau dans la bibliothèque allaient être élaguées, lire mises au bac. Les livres qui n'ont pas été consultés depuis trop longtemps sont remplacés par de nouveaux, plus attirants aux yeux des élèves et du personnel. Que nenni! Pour les yeux des élèves, j'ai fait ma part. J'ai élagué les rangées en faisant un butin sous mon bureau. Dans le lot, il y avait un exemplaire de ceci:


Titre: Dictionnaire Général de la langue française au Canada (1re édition, 1957)
Auteur: Louis-Alexandre Bélisle

C'est quoi? Un dictionnaire de type encyclopédique (imitant le Littré d'après son auteur) qui répertorie le lexique français standard ainsi que le québécois (canadien à l'époque).

C'est bon? Pour la valeur historique, évidemment. Pour retrouver des mots qu'on n'a pas entendus depuis qu'on dormait en-dessous des manteaux de fourrure, absolument. 
L'ensemble du dictionnaire est compilé par Louis-Alexandre Bélisle, président de la Société canadienne de technologie, Directeur de la Société du parler français au Canada et titulaire des cours de français des affaires et marchés mobiliers à la faculté de commerce de Laval. Pas un littéraire ni un linguiste. Il a rédigé un dictionnaire à peu près seul, comme il jugeait bien de le faire. La préface fait office de courte biographie où on peut lire:

Né sur une modeste ferme, aux confins de Saint-Éloi et de Trois-Pistoles, j'ai pu, dès mon éveil à la vie, observer de près, et dans le silence de l'isolement, la belle nature québécoise en toute saison et sous tous les angles...

C'est un dictionnaire de la terre. Ça sent le bon Canadien français. Même les entrées sentent l'habitant. Par exemple, voyez l'entrée pour FOUR:


Je sais pas si c'est parce que je suis née après 1980, mais il me semble qu'en 1957, le four à pain québécois ne devait pas ressembler à ça et la boulangère non plus. Et ce four électrique ressemble davantage à un instrument de torture venu du futur qu'à  l'incarnation du progrès domestique qu'il représentait pourtant dans les années 1950. 'Savez les pubs de GE avec les madames en robes triangulaires qui sourient devant leur four vert avec une dinde dans les mains. Avant que vous n'en parliez, oui, il y a une entrée dans le dictionnaire pour CUISINIÈRE qui ressemble plus à ce qu'on peut retrouver dans une cuisine, mais franchement, vous connaissez un Québécois qui dise cuisinière au lieu de four?

Cela dit, il y a des entrées très intéressantes.  Par exemple, celle de ENFARGER:

 

Bref, des heures de plaisir lexical et rural!

vendredi 10 février 2012

Yes Sir, Madame

So, en attendant d'avoir un contrat dans une commission scolaire dorée, on m'a offert un remplacement en anglais à mon école de suppléance quotidienne. Alors je suis substitute teacher in english 1re secondaire for the time beeing. Je suis enseignante de french, mais bon. I'm available and fluent dans les deux solitudes so... Good morning students. How are you today?

Je pensais que ce serait drôle enseigner l'anglais. Je pensais que j'aurais qu'à me pointer avec mon accent made in USA, à leur parler de n'importe quoi et à leur faire lire n'importe quel texte qui puisse les intéresser tant que c'est in english. Not exacly comme ça que ça se passe. First: ils comprennent à peu près pas l'anglais so I alterne and sometimes chiac. Je leur parle en anglais et leur traduis certains passages en fançais pour prévenir le retour de crises d'angoisses qu'a provoqué ma toute première demi-heure avec eux.

J'suis vraiment out of my comfort zone. Je n'ai aucun plaisir. Je ne sais pas where to start. Comment être productive sans trop les brusquer. It's hard d'enseigner une langue seconde! En plus, le matériel que les élèves ont, cahier d'exercices et manuel, is so boring que c'est hors de question que je l'utilise régulièrement. En 1re secondaire, même s'ils sont faibles en anglais, ils sont quand même able de parler about something else que cats and dogs, right? 

I miss enseigner la grammaire française...

C'est hard d'être prof d'english au secondaire. Besides le défi d'enseigner la matière elle-même, t'as environ 180 students différents qui don't care about ton cours et qui veulent juste watcher des movies.

Bref, I feel divided, un peu comme le cinéaste de Yes Sir! Madame.

jeudi 2 février 2012

Lecture du jour: Paul au parc


Titre: Paul au Parc
Auteur: Michel Rabagliati

C'est quoi? Une BD sur les aventures de Paul qui, vers la fin de l'enfance, apprend la vie entre scoutisme, amours et FLQ. L'histoire est attendrissante et les dessins de Montréal sont magnifiques.

C'est bon? Ouais!

Citations intéressantes :