mardi 20 juillet 2010

Maitrisé-je?

J'ai un rapport trouble à l'apprentissage. J'adore savoir de nouvelles choses, mais je ne fournis l'effort nécessaire à leur assimilation que si j'y suis contrainte... vraiment contrainte. Est-ce que la date de remise est ferme? Pour combien ça compte? Je pourrais pas faire compter le prochain travail pour plus? Oui, oui, je vous l'ai déjà envoyé par courriel...

Rassurée grâce à Monsieur Isaac Newton, je sais maintenant que je ne manque pas de persévérance. Au contraire, je respecte son principe d'inertie: « Tout corps, en mouvement rectiligne uniforme ou au repos, soumis à des forces qui se compensent, persévère dans son état. » Oh oui! Je persévère dans mon état statique de paresse intellectuelle si on ne m'oblige pas à m'y soustraire.

Or, ça fait trop d'années de bac en enseignement du français au secondaire que je fournis un effort intellectuel que lorsque j'y suis obligée (je vous laisse deviner combien de fois c'est arrivé!). Bientôt, j'aurai mon brevet et j'enseignerai le français à un ado près de chez vous. Syndrome de l'imposteure. Je suis l'enseignante incompétente des chroniques de Foglia. Je ne sais rien, mais j'ai une vague idée de comment l'étirer en mille et une activités. Je pourrais me dire que je pallierai cela une fois sortie de l'université, mais je sais bien que je ne lirai pas de livres de sociolinguistique un mardi soir après une journée de travail et une soirée de tâches momagères. Non, il faudra que je continue mes études. Pas les emmerdantes que je souffre depuis trop longtemps, mais les autres, celles qui m'obligeraient à apprendre, qui nourriraient mes neurones atrophiés d'inspiration et leur donneraient envie de partager le plaisir d'apprendre malgré et grâce à l'effort qu'il exige. Elles sont où ces études-là? Je suis la nunuche de la comédie romantique américaine qui attend le prince charmant universitaire ou est-ce que ça existe des cours d'université liés à l'enseignement du français qui soient pertinents?

Sans avoir à recommencer mon parcours universitaire en entier, deux options s'offrent à moi pour les cycles supérieurs:

1) La maitrise en didactique des langues
Pour: Elle n'exige aucune propédeutique. Donne des contacts en éducation.
Contre: Ça commence par «didactique» et je crains que ce soit encore de la bêtise d'éducation et que ça me cantonne aux sphères du monde de l'éducation.

2) La maitrise en linguistique
Pour: Ça ne commence pas par «didactique». Les titres des cours à suivre sont plutôt inspirants. Peut-être de meilleures possibilités d'avoir des charges de cours intéressantes après la maitrise.
Contre: Ça demande une propédeutique.

Sinon, la route certificats en différentes concentrations m'attire un peu. Je pourrais faire un certificat en linguistique, un en psychologie et un en études féministes ou en histoire de l'art. Ça ne me donnerait pas vraiment de meilleures possibilités d'emploi, mais ça améliorerait mes connaissances et mon salaire de prof si j'en terminais 2.

Je ne sais pas quoi décider.




6 commentaires:

Le professeur masqué a dit…

Je ne dirai pas que je n'ai rien appris durant mon bac. Disons que j'ai peu appris. C'est en classe, en étant attentif et disponible intecllectuellement et affectivement, que j'ai le plus appris, surtout durant les premières années. Laisse-toi le temps de vivre les premiers abordages...

Capitaine Hurlevent a dit…

Prof Masqué: Merci du conseil (en vocabulaire marin de surcroit!). Je suis flattée que vous ayez visité mon blog.

Je considère aussi ne pas faire de maitrise pour l'instant et voir une fois m'être tâté le pouls enseignant, mais je crains qu'une fois ce tournant pris, le retour à l'université ne soit plus une option. Je m'habituerai à avoir plus de sous qu'à l'université, je voudrai me re-reproduire et avoir un congé de maternité, je ne voudrai pas prendre de cours de soir, etc.

Une femme libre a dit…

Allez donc enseigner. Vous avez une belle écriture, je gagerais que vous lisez autre chose que le Journal de Montréal, vous semblez avoir de la culture générale, du bon sens aussi, de la sensibilité, de l'ouverture d'esprit (bon, ces conclusions ne me viennent que de vos écrits, mais l'écriture est révélatrice). On a besoin de quelqu'un comme vous dans nos écoles, allez, au travail!

Capitaine Hurlevent a dit…

Femme libre: Merci! Vous êtes très gentille!

C'est drôle que vous me suggériez ça. Aujourd'hui, un collègue à qui j'exposais mes angoisses décisionnelles m'a platement résumé la chose comme suit «Ouin, ben faire une maitrise juste pour pas enseigner tout de suite, c'est peut-être pas la meilleure raison...»
Je n'ai toujours pas pris de décision. Il semblerait que je souffre d'un forme d'aboulie.

Lud. a dit…

Oh! Une étudiante en enseignement du français intelligente! Et avec une belle plume, naturelle et percutante (je viens de lire quelques uns de vos papiers). Bravo! J'ai été si déçue des «sacoches» qui traînent dans ce programme.

Quant à ces questionnements... je les trouve tout à fait légitimes. De mon côté, j'opte cependant pour les certificats... Sinon (vous concernant), la linguistique me semble la meilleure voie. Cela reste une opinion personnelle, bien sûr. Vous êtes-vous décidée?

Il faut également considérer la sagesse de femme libre... pourquoi ne pas enseigner? Le temps de faire les fameux contrats qui nous permettent d'accéder enfin à «une liste»... et puis retourner aux études à temps partiel (si vous obtenez, par exemple, une tâche à 70%). Cela ne vous éloignerait pas trop du budget étudiante tout en laissant du temps pour les tâches de «maman»... non?

Dans tous les cas... bonne décision. Les choix ne manquent pas et les possibilités sont infinies.

Capitaine Hurlevent a dit…

@ Lud: Merci pour le compliment sur ma plume. Je ne suis cependant pas une exception au sein de ma cohorte. Plusieurs de mes collègues ne sont pas des sacoches. Qu'il y ait des sacoches, c'est une chose, que leur mauvaise foi utilitariste ne soit découragée à l'université, ça, c'est une tragédie.

Femme libre est de bon conseil. Je n'ai toujours pas pris de décision. Aujourd'hui, je penche pour l'option maitrise en linguistique et enseignement à temps partiel en même temps. Comment trouvez-vous votre option certificats jusqu'à présent?