samedi 11 février 2012

Feuilletage du jour: Dictionnaire Général de la langue française au Canada

J'avais jamais pensé à l'élagage des bibliothèques. J'avais jamais pensé à l'élagage tout court avant que la bibliothécaire de l'école où je travaillais m'annonce que les 6 rangées de livres empilées au-dessus de mon bureau dans la bibliothèque allaient être élaguées, lire mises au bac. Les livres qui n'ont pas été consultés depuis trop longtemps sont remplacés par de nouveaux, plus attirants aux yeux des élèves et du personnel. Que nenni! Pour les yeux des élèves, j'ai fait ma part. J'ai élagué les rangées en faisant un butin sous mon bureau. Dans le lot, il y avait un exemplaire de ceci:


Titre: Dictionnaire Général de la langue française au Canada (1re édition, 1957)
Auteur: Louis-Alexandre Bélisle

C'est quoi? Un dictionnaire de type encyclopédique (imitant le Littré d'après son auteur) qui répertorie le lexique français standard ainsi que le québécois (canadien à l'époque).

C'est bon? Pour la valeur historique, évidemment. Pour retrouver des mots qu'on n'a pas entendus depuis qu'on dormait en-dessous des manteaux de fourrure, absolument. 
L'ensemble du dictionnaire est compilé par Louis-Alexandre Bélisle, président de la Société canadienne de technologie, Directeur de la Société du parler français au Canada et titulaire des cours de français des affaires et marchés mobiliers à la faculté de commerce de Laval. Pas un littéraire ni un linguiste. Il a rédigé un dictionnaire à peu près seul, comme il jugeait bien de le faire. La préface fait office de courte biographie où on peut lire:

Né sur une modeste ferme, aux confins de Saint-Éloi et de Trois-Pistoles, j'ai pu, dès mon éveil à la vie, observer de près, et dans le silence de l'isolement, la belle nature québécoise en toute saison et sous tous les angles...

C'est un dictionnaire de la terre. Ça sent le bon Canadien français. Même les entrées sentent l'habitant. Par exemple, voyez l'entrée pour FOUR:


Je sais pas si c'est parce que je suis née après 1980, mais il me semble qu'en 1957, le four à pain québécois ne devait pas ressembler à ça et la boulangère non plus. Et ce four électrique ressemble davantage à un instrument de torture venu du futur qu'à  l'incarnation du progrès domestique qu'il représentait pourtant dans les années 1950. 'Savez les pubs de GE avec les madames en robes triangulaires qui sourient devant leur four vert avec une dinde dans les mains. Avant que vous n'en parliez, oui, il y a une entrée dans le dictionnaire pour CUISINIÈRE qui ressemble plus à ce qu'on peut retrouver dans une cuisine, mais franchement, vous connaissez un Québécois qui dise cuisinière au lieu de four?

Cela dit, il y a des entrées très intéressantes.  Par exemple, celle de ENFARGER:

 

Bref, des heures de plaisir lexical et rural!

1 commentaire:

Le professeur masqué a dit…

Le plaisir des découvertes anciennes...